La Magie des îles des « Saintes »
2020 et un, jour on ne sait plus combien. Avant d’arriver aux Saintes on passera quand même par Trois rivières. Ça se fait pas sinon!
Los Santos
C’ est comme si tout avait le gout des premières fois. Premiers verres entre filles. Cette folie! Premiers restos. On en rêvait! Premiers étés. L’excitation! On dirait l’adolescence et ce petit recul au moment de se sauter dans les bras dans un joyeux brouhaha. Stop! On reprend dans l’ordre. Et toi, comment ça va? « Tu fais quoi pendant tes vacannnnces? » Grand frisson! Virée au loin? Vols? Réservations? L’idée suffit. Parmi les bonheurs incontournables de la terre des petites Antilles, à un jet d’encre de Trois rivières l’adorable archipel des Saintes. Saint Graal de l’art de vivre aux Caraïbes. SAMEDI MATIN JOUR 1. 8h00. Embarcadère de Terre-de-haut.
D’abord il y a cette impression d’avoir atterri loin très loin à l’autre bout du monde tant l’air a des odeurs de sucre vanillé. Nous ne sommes pourtant qu’à moins de 20 minutes de navigation de Trois-Rivières. « Avant d’arriver à Terre de haut TDH (pour les intimes) on passera quand même par Trois rivières ça se fait pas sinon! Quoi qu’il en soit la traversée de 20 min depuis le pont supérieur du ferry offre un panorama éblouissant sur le volcan de la soufrière. La baie découpée en dentelles annonce la fin de la traversée et le début d’une machine à rêves. Même après 15 étés on a toujours le trac en arrivant. La première bouffée chaude et parfumée tient toute ses promesses. Coco maracudja mangue, c’est l’effervescence. Ici et là on raconte que l’histoire du tourment d’amour ces génoises légères fourrées à la confiture péyi par les saintoises, habitantes originaires de l’ile — tient du conte de fées. Un péché de marins. Le bonheur est sensoriel. Un panneau rappelle tout de même que le port du masque est obligatoire. Dès le débarquement du ferry le ton est donné. M’as-tu-vu et bruyante. Par habitude, les habitués de Terre de haut arrivent toujours sur le « premier départ ». Avec l’assurance de se retrouver entre initiés bien avant d’être envahis de poussettes doubles aux joues couleurs gambas les touristes. Ici, pas de voitures. On fait le tour de l’île à pieds environ 15 km2. Vélos électriques, scooter voir même en voiturette pour les plus motivés, c’est selon l’humeur. On penche pour un 125 chez Rodolphe, simple question de formalité. 9H30h. Au détour de la place de la mairie, un haut lieu de vie se prête au jeu du mix parfait de l’hospitalité Saintoise. Crêpes de poissons, pâtés aux crustacés, accras de morue le ballet est bien réglé. Boudins de Lambi et feuilletés de thazard rythment la saison. Blottie contre la mer des Caraïbes Terre de Haut est souvent ventée pour l’air de liberté qui flotte dans ses rues. Les quelques 2000 âmes qui vivent ici vous le diront. Ici, toute ressemblance avec un certain village d’enfants gâtés des Caraïbes est fortuite.
Marcher à TDH est toujours sources de surprises et d’hebahissements. On dit des Saintois « repliés sur eux-mêmes, tournés vers la mer, et sensibles au monde ». Les Saintes c’est une montagne en pleine mer. Tout ceux que vous croisez disent avec sincérité et empathie leur amour du pays. Enfant du « pays », Chris et son mari décident il y à 4 ans de partager l’amour de leurs terre en ouvrant leur résidence principale. Ce n’est pas un hôtel de luxe. C’est mieux.. On y vient à pied. 98 marches. Ça casse. On ne frappe pas. Ceux qui vivent là ont jeté la clef. Ceinturée d’un généreux jardin, cette maison de maître domine la baie. L’ensemble est fluide, ouvert sur l’horizon. Comme sil elle avait toujours été là. Rien ne semble entraver la vue à 180 degrés. Fofole! Adossé à la colline, le bourg est construit en terrasse par des rangés de coquettes kaz créoles bicolores aux toits rouges et volets blancs qui descendent jusqu’aux eaux cristallines. L’exubérance des habitants, l’ambiance joyeuse des rues aux tons prunes pommes, turquoises canaries, corail safran, — C’est dire si le village est photogénique. À deux pas de la plage du bourg, cheveux plaqués sous un casque, direction chez l’habitant. On grimpe, on se faufile, le paradis se mérite avant un premier bain dans un immense camaïeu de bleu et de vert à 30°C. 13h00 entre deux bains de mer on s’attable chez « Ti Bo Doudou » une table les pieds dans le sable, où un rhum vieux donne la sensation de découvrir l’ile dans un verre. Rillettes de Marlin au curry et lait de coco, tartare de thazard à la mangue verte, quinto de mousseline patate douce, fruit à pain, igname — Flanc au coco, il est 15h30 et difficile de résumer cet endroit incroyable débordant de possibilités. D’abord on se baigne à moitié nue sur une plage presqu'(abandonnée), on se rince dehors à l’eau de pluie.. tanto le soleil tanto le bruit des vagues tanto les deux. Slow living. 17h30. Le dernier bateau laisse place au coucher du soleil. La foule se dissipe et c’est tout le charme des Saintes qui ressurgit. Bercé par le bruit de la mer qui tape calmement sur les barques, on sirote une bière sur la place principale— lieu si fidèle aux fondamentaux de l’île — en priant pour que jamais ce moment ne s’arrête. Les seuls bruits qu’on entende, hormis le scooter débridé du petit dernier faisant écho aux valises à roulettes des touristes égarés à la recherche de leur Air bnb dans ce dédale pentu — les bêlements de cabris. Au gré de ce rythme inépuisable en couleurs— et des conversations filtrants des fenêtres grandes ouvertes des litanies de voix s’élèvent vers les toits. Et ça cause et ça cause. L’effet est relaxant comme peu l’être un bon verre au Coconuts bar autre QG saintois. Devenu lui aussi non essentiel.
On comprend que ces habitants n’aient jamais quittés leur île.Les gens d’ici ont hérités d’un caractère bien trempé et d’un amour immodéré de leur terre. Jour suivant. Au détour d’une rue, les doigts agiles de Cillette débitent à toute allure une bassine de noix de cocos. Le regard clair et les mains marquées les recettes du tourment d’amour se passent de mère en fille. Pris d’assauts après 8h le dilemme se pose d’ailleurs assez vite. Rester à paresser dans le hamac ou plutôt s’échapper pour observer les filets de pêche encore accrochés à certaines maisons. Une invitation au snorkeling. D’un coup de pédales on rejoint le ponton du pain de sucre, une crique aux eaux cristallines où poissons perroquets, oursins blancs et colonies d’étoiles de mer ont élu domicile dans ce qui s’apparente à un véritable aquarium à ciel ouvert. Les yeux en l’air mais pas trop, le parcours étant un peu escarpé il fait un soleil de plomb.. Terre-de-haut est encore (un peu) un vrai village de pêcheurs, avec de vraies traditions. Ici les stars locales fruits de mer se déclinent dans tous leurs états. Tout un programme ! Plus loin, quelque soit le raccourci entrecoupé d’échappées sur la mer, la petite place du village accueille la première église en pierre volcanique un lieu ombragé où les habitants aiment prendre le pouls de l’ile.
Il est 20:00h et dans une ancienne bâtisse à l’atmosphère inimitable on déguste à l’abri des regards un cevice de thazard à la papaye verte. Le temps s’est arrêté. Nos pieds foulent une dernière fois le sable de la plage de Crawen que l’érosion de la barrière de corail a rendu aussi fin que du sucre. Irrésistible. Le ciel se teinte de rose au coucher du soleil… « Nowhere else ». Pour une fois c’est vrai. Randonnée en kayak, découverte de l’ilet cabris à bord d’une « saintoise » — de Terre-de-bas jusqu’à la Dominique une certaine idée de l’existence, un autre voyage. Rêve ou réalité? À chacun ensuite de s’approprier un bout de cette histoire magique ou de se consoler d’une certaine petite génoise fourrée à la noix de coco . On revient. C’est promis.
Oceane.
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